Un service public en ligne…
Hommage à Jean-Bernard Münch
Fin 2011, le Conseil d’administration est arrivé au terme de sa période administrative de quatre ans. C’est la date qu’a choisie le président J.-B. Münch pour se retirer. La SSR lui doit beaucoup et, au nom du Conseil d’administration, je le remercie d’un engagement qui aura marqué l’entreprise. Le 20 septembre 2002, J.-B. Münch fut nommé président SSR par le Conseil fédéral, comme la loi le prévoyait à l’époque. En poste depuis le 1er octobre 2002, il fut reconduit dans ses fonctions par l’Assemblée des délégués en 2007, pour un second mandat. En neuf ans d’activité, il a transformé la SSR ; les structures et la gouvernance de l’association et de l’entreprise ont été adaptées à travers deux refontes des statuts.
J.-B. Münch a ouvert des dossiers majeurs, tels que l’harmonisation de la comptabilité analytique et la définition d’un processus stratégique cohérent, indispensable pour faire face à la mutation accélérée des médias. Fort d’une longue expérience professionnelle et d’une connaissance parfaite des médias, acquise aussi bien à la SSR que sur la scène internationale, il a conduit de main de maître plusieurs grands chantiers qu’il a défendus avec succès auprès des autorités : révision de la loi sur la radio et la télévision (LRTV), redressement des finances, convergence de la radio et de la télévision.
Notre gratitude va également au vice-président Claudio Generali et à Elisabeth Veya, deux administrateurs de longue date qui se retirent après avoir accompagné, eux aussi, avec engagement et compétence la mue du diffuseur de service public.
En ligne avec sa nouvelle gouvernance
La réforme des structures de ces dernières années a insufflé un nouvel élan à l’organisation institutionnelle, unique dans le monde du service public audiovisuel. Aujourd’hui, il s’agit de la mener jusqu’au bout, tant sur le plan institutionnel qu’organisationnel. Faut-il le rappeler, la SSR est une association constituée de quatre sociétés régionales linguistiques regroupant pas moins de 20 000 membres. Présidée par le Conseil d’administration, l’association gère l’entreprise SSR qui compte quelque 6 000 collaborateurs et diffuse des programmes de télévision et de radio dans les quatre régions linguistiques. Dans le contexte de la réforme des structures, les quatre sociétés régionales ont abandonné bon nombre de pouvoirs tout en bénéficiant de nouvelles compétences de décision et de proposition relatives notamment aux concepts de programme ; elles ont aussi l’importante mission d’encourager et de mener le débat public sur les principes et sur l’avenir de l’audiovisuel public, et elles élisent des conseils représentatifs du public appelés à soutenir les activités de programme par leurs observations et suggestions sur les émissions qui ont été diffusées ; ils resserrent ainsi les liens entre les responsables du programme, les auditeurs, les téléspectateurs et les internautes. L’association SSR assure l’assise démocratique et l’enracinement de l’entreprise dans la société civile. Grâce à un dialogue permanent et ouvert avec les citoyens, elle se porte garante de l’indépendance de l’audiovisuel public, de sa qualité et de sa conformité à la concession et de la bonne utilisation de la redevance. Elle reflète aussi les principes et la tradition du système de milice suisse. L’une des priorités du Conseil d’administration est de veiller à un équilibre judicieux et à une interaction optimale entre ces deux maillons que sont l’association et l’entreprise, afin d’être en mesure de maintenir un service public digne de ce nom et adapté à son temps.
En ligne avec sa mission
Enracinement démocratique et dialogue avec la société civile sont indissociables de l’accomplissement de notre mandat. A l’heure où la légitimité et le rôle du service public sont l’objet de critiques assez fréquentes, il est nécessaire de rappeler certains fondamentaux : selon la concession, la SSR doit promouvoir « dans ses programmes, la compréhension, la cohésion et l’échange entre les différentes régions du pays, les communautés linguistiques, les cultures, les religions et les groupes sociaux ». Elle doit « favoriser l’intégration des étrangers en Suisse, encourager les contacts entre la Suisse et les Suisses de l’étranger, promouvoir le rayonnement de la Suisse à l’étranger et y favoriser la compréhension pour ses intérêts ».
Elle doit « tenir compte des particularités du pays et des besoins des cantons ». Chaque région linguistique rend compte, dans ses émissions d’information et de divertissement, des autres régions du pays ; les médias SSR favorisent le vécu commun dans ce pays hétérogène qu’est la Suisse, en assurant, par exemple, la couverture des événements sportifs ou en contribuant à l’épanouissement culturel et à la formation de la population. Autre exemple de prestation publique, la SSR est tenue de rendre son offre accessible aux personnes handicapées sensorielles. En renforçant la compréhension mutuelle et la convivialité, le mandat de service public est juste indissociable de notre « Willensnation », notre nation par volonté, véritable mosaïque politique et culturelle.
La SSR est tenue par la loi à ce que la Suisse romande et la Suisse italienne bénéficient de programmes radio/télévision et d’une production audiovisuelle comparables à ceux de la Suisse alémanique, et à ce que la Suisse rhéto-romane ait, elle aussi, une radio et des émissions de télévision. Le fait que les minorités reçoivent une part plus importante des recettes que celle à laquelle elles auraient droit « à la proportionnelle » est une des clés du succès du fédéralisme helvétique. Cette fonction de trait d’union de la SSR et sa structure décentralisée garantissent aussi un certain équilibre face à la concentration des centres de décision de la presse écrite en Suisse alémanique. Et comme la SSR veille à grands frais à ce que les principaux programmes soient aussi desservis dans les régions éloignées, elle doit faire en sorte d’être présente là où le public de demain sera de plus en plus présent, c'est-à-dire en ligne.
En ligne avec le paysage médiatique et l’ère numérique
Dans ce contexte, la SSR se retrouve avec la presse écrite sur la même plateforme de diffusion, internet. L’article 93 de la Constitution fédérale précise que le législateur doit prendre en considération « la situation et le rôle des autres médias, en particulier de la presse ». Cette règle est autant dans l’intérêt de la SSR que des éditeurs, et il est important que ces deux secteurs puissent se développer en harmonie. L’histoire commune de la SSR et de la presse a été jalonnée de conflits qui ont toujours fini par se résoudre. Au début de la radio par exemple, les bulletins d’information ne pouvaient être lus que par un speaker de l’ATS. La publicité tv et le télétexte ont été confiés à des sociétés gérées conjointement par la presse et par la SSR, desquelles la presse s’est ensuite retirée de son propre chef, les premières craintes s’étant avérées infondées.
Dans le secteur de la publicité en ligne aussi, la SSR est convaincue qu’il y a une solution satisfaisante. Rappelons par exemple que les spots diffusés sur les chaînes tv SSR freinent l’exode de la manne publicitaire vers les chaînes étrangères et permettent d’organiser des campagnes publicitaires suisses, tous médias confondus, dont profite la presse.
En ligne avec son public
La SSR enrichit le paysage médiatique suisse d’un savoir-faire reconnu et très apprécié, également à l’échelle européenne et au-delà. Très tôt, l’entreprise a été confrontée à une rude concurrence internationale et à la mutation rapide des médias électroniques.
Bien que la SSR soit armée pour faire face aux grands bouleversements qui s’annoncent et qui ne manqueront pas de labourer le paysage médiatique suisse, elle doit rester extrêmement attentive et alerte face à l’évolution rapide de son environnement concurrentiel. Comme annoncé l’an dernier, nous allons conceptualiser cette année encore une nouvelle stratégie de l’offre dont les principes seront mis en consultation auprès des organes institutionnels. Parallèlement et afin de réduire les coûts et de rationnaliser les structures de l’entreprise au profit d’une offre plus attrayante, les programmes de convergence et d’efficience seront poursuivis avec détermination.
En ligne avec ses collaboratrices et collaborateurs
La SSR traverse une période de mutation qui sollicite tant l’institution que l’entreprise. La finalisation de la mise en œuvre de la réforme structurelle comme les efforts d’économie au profit d’une amélioration de l’offre se traduisent par une charge de travail supplémentaire, par des incertitudes sur l’avenir et par une transformation du quotidien professionnel. Les premiers mois passés à la SSR m’ont permis de rencontrer des collaborateurs dont l’engagement, le professionnalisme et la créativité m’ont fortement impressionné ainsi que des membres de l’association très motivés à promouvoir le service public. Le Conseil d’administration est donc confiant en l’avenir de la SSR et se réjouit, avec le directeur général, de relever les défis exigeants auxquels le service public fait face. Ils sont à la hauteur de ceux auxquels notre démocratie et notre fédéralisme doivent répondre aujourd’hui.