Avant-propos du président et du directeur général

La SSR et les médias privés, ce n'est pas la même chose!

Le service public audiovisuel a de multiples facettes qui le différencient des médias privés. A l’ère du numérique, la SSR est plus importante que jamais, et sept raisons la rendent indispensable.

Premièrement, seul un groupe média public est en mesure de financer toutes les régions, aussi petites soient-elles, pour qu’elles profitent toutes d’une radio et d’une télévision de qualité: 73 % de nos recettes proviennent de la Suisse alémanique, qui n’en touche que 43 %. La RTS en Suisse romande en reçoit 33 %, la RSI en Suisse italienne 22 %, et RTR en Suisse romanche 2 %.

Deuxièmement, la SSR est un groupe média fédéraliste. Selon la loi, «les programmes de la SSR doivent être majoritairement produits dans les régions linguistiques auxquelles ils sont destinés». De fait, on trouve des studios SSR partout en Suisse. Et, paradoxalement, la SSR prétendument «monopolistique» met fin aux monopoles dans certaines régions où il n’y a plus qu’un groupe média privé à donner le la. L’Association SSR est elle aussi ancrée dans l’ensemble des cantons.

Troisièmement, en tant que groupe public, nous soutenons les cultures de la Suisse. Chaque année, la SSR investit 27,5 millions de francs dans la production cinématographique helvétique. Au total, elle dépense 40 millions de francs pour des productions suisses. Les radios culturelles diffusent des centaines de concerts et collaborent avec des orchestres. Dans la «Charte de la musique suisse», la SSR s’engage à diffuser à la radio une part élevée de musique suisse, de même qu’elle couvre les grandes manifestations de la culture populaire.

Quatrièmement, l’offre de la SSR se fonde davantage sur son mandat de service public que sur la simple demande. Aucune chaîne privée ne diffuserait, par exemple, un film documentaire pointu aux heures de grande audience, au détriment de la part de marché et des revenus publicitaires.

Cinquièmement, personne ne peut acheter un groupe média public, à une époque où certains voudraient faire mainmise sur les médias. Des études montrent que la plupart des citoyennes et citoyens apprécient notre indépendance et considèrent l’offre de la SSR comme très crédible. 

Sixièmement, seul un groupe média financé par des fonds publics a la masse critique pour investir, sur un marché aussi petit que la Suisse, dans la technologie numérique audiovisuelle et contribuer de ce fait au savoir-faire de tout le secteur – et seul un tel groupe a la masse critique pour faire face aux puissantes chaînes françaises, allemandes et italiennes ainsi qu’aux producteurs audiovisuels globalisés. 

Septièmement, la plupart des émissions de la SSR s'apparenteraient à une perte pour les chaînes privées. En moyenne, la publicité couvre 22 % des coûts: dans son rapport sur le service public, le Conseil fédéral observe que «même des événements à forte audience ne peuvent pas être financés uniquement par la publicité». 

Puisqu’ils se distinguent les uns des autres, les médias privés et publics se complètent. Les luttes de répartition affaiblissent tout le monde, tandis que les partenariats public-privé renforcent les deux parties. Un démantèlement de la SSR ne changerait rien au fait que certains groupes média n’investissent plus guère dans le journalisme, vu qu’il génère de moins en moins de bénéfices. Une SSR affaiblie et des médias privés tout aussi affaiblis – ce serait le pire des scénarios. C’est pourquoi la coopération fait son chemin. 

Dans son rapport de gestion, la SSR fait preuve d'une transparence unique en Europe. Elle intensifie le dialogue avec son public. Avec détermination, elle transfère des fonds de l’administration vers le programme. Elle réalise des économies, quitte à supprimer des postes lorsque cela est indispensable. Elle cherche une voie de diffusion plus efficace pour remplacer la deuxième chaîne de télévision italophone. La SSR est un groupe média qui va au-devant du changement.

Mais la SSR doit être, à l’avenir aussi, en mesure de fonctionner. Selon la loi fédérale sur la radio et la télévision, elle a pour mandat de contribuer à la libre formation de l’opinion, à la cohésion de la société et à l’entente de toutes les parties du pays. Elle doit tenir compte des besoins des cantons et des Suisses de l’étranger, divertir et former le public et enfin œuvrer «au développement de la culture et au renforcement des valeurs culturelles du pays». Ces missions, la SSR ne peut les remplir que si elle atteint le public, tout le public. Voilà pourquoi la loi exige qu’elle fournisse «à l’ensemble de la population» une offre complète. 

Viktor Baumeler, président SSR
Roger de Weck, directeur général SSR

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