Les émissions d’information et d’actualité de la SSR proposent un éclairage indépendant sur les événements politiques, économiques et sociétaux en Suisse et à l’étranger. En 2022, les émissions d'information ont représenté 38 % du temps d'antenne à la TV, et 14 % à la radio.

Opération d'espionnage du Qatar: une enquête de «SRF Investigativ»

La Coupe du monde de football au Qatar a aussi fait parler d'elle en Suisse. SRF a évoqué ce grand événement, la FIFA et le pays hôte sous différents angles. Une enquête de «SRF Investigativ» a fait particulièrement sensation: les rédacteurs Leo Eiholzer et Andreas Schmid ont démontré que le Qatar avait espionné des années durant de hauts fonctionnaires du football mondial afin d'empêcher que la Coupe du monde ne lui file encore une fois entre les doigts. Pendant plusieurs mois, les rédacteurs ont mené l'enquête, rassemblé des documents et réalisé de nombreux entretiens: «L'enquête en soi a été un travail énorme, ce à quoi s'est ajouté la tâche exigeante de mettre en œuvre l'histoire aux plans textuel et audiovisuel pour de nombreux canaux différents. Cela n’a été possible que grâce au travail en équipe», explique Nina Blaser, co-responsable de «SRF Investigativ». Le matin du 2 novembre était publié un long article en ligne. Le soir, la «Rundschau» diffusait une édition monothématique avec un film réalisé par Keto Schumacher et Nina Blaser. Les révélations de «SRF Investigativ» ont créé une véritable onde de choc. De nombreux médias en Suisse et à l'étranger ont repris cette enquête dans leur couverture de l'événement. 

Extrait de l'édition de la «Rundschau» de Keto Schuhmacher et Nina Blaser sur l'opération d'espionnage du Qatar

«Couleurs locales»: mille fois diffusé et toujours plébiscité

A l'occasion de sa millième édition, le magazine d'actualité «Couleurs locales» a organisé une semaine spéciale sur RTS 1 et Play RTS du 13 au 17 juin. Cette semaine spéciale a permis de retrouver des personnalités et des lieux riches en symboles de «Couleurs locales»; une émission spéciale publique a en outre été tournée en direct à La Chia, au pied du Moléson à Fribourg. Chaque émission de «Couleurs locales» est réalisée en extérieur, depuis un lieu différent de Suisse. Une façon efficace d'aller à la rencontre des gens, que ce soit sur leur lieu de travail ou de vie. C'est ce qui rend cette émission aussi appréciée du public. «Les audiences de ‘Couleurs locales’ sont extrêmement bonnes», explique Elisabeth Logean, co-rédactrice en chef de l'Actualité TV. «Ces dernières années, elles ont même encore augmenté.» En 2022, l'émission «Couleurs locales» a été regardée par 107 000 téléspectateur.trices en moyenne, soit une part de marché de 36,4 %. 

Emission spéciale de «Couleurs locales» à l'occasion de sa millième édition

Les correspondant.es de la RSI couvrent la guerre depuis l’Ukraine

Se faire sa propre impression sur place, rassembler des témoignages, contextualiser les informations: plusieurs correspondant.es de la RSI se sont rendu.es pour cela en Ukraine. Il.elles ont parlé avec des survivant.es d'Irpin et de Bucha, avec des proches de soldats tués, avec des réfugié.es de Kherson, mais aussi avec des personnes qui sont restées dans le Donbass, comme l'ancien mineur Vassilj. Les reportages, contenus et interventions en direct ont été diffusés dans les actualités de RSI et approfondis dans les émissions «Modem», «Falò» ou «60 minuti». 

RTR accompagne les élections du Grand Conseil des Grisons

Mi-mai ont eu lieu aux Grisons les élections pour renouveler le Grand Conseil. Deux inconnues faisaient alors débat: quel impact le nouveau système électoral aurait-il sur la répartition des sièges? Et aurait-on à nouveau un gouvernement 100 % masculin? Pour sa couverture des élections, RTR a misé sur trois grands axes: débats, analyses et contextualisation et enfin orientation. Pour ouvrir le débat, RTR a invité en amont la population à deux ateliers. Les revendications qui en ont résulté ont ensuite été discutées lors d'une table ronde avec des représentant.es des partis. Six mois avant le dimanche des élections, RTR a diffusé le premier épisode du podcast «Pugn da vista», visant à analyser et à contextualiser les différentes phases de la campagne électorale. L’unité a accordé une attention particulière à la couverture médiatique ainsi qu'à une présentation compréhensible des données et des résultats. Grâce aux efforts communs déployés par la rédaction et les spécialistes multimédia, le public a pu s'informer de manière ciblée sur les 491 candidat.es sur le site rtr.ch.

Le gouvernement grison nouvellement élu au studio de RTR (image: RTR)

Une offre journalistique pour l'étranger

Le Conseil fédéral charge la SSR de fournir une offre journalistique pour l’étranger. Afin de remplir ce mandat, la SSR propose l’offre d’information de SWI swissinfo.ch, tvsvizzera.it, TV5 Monde et 3Sat. 

Depuis mai 2022, SWI swissinfo.ch informe le public en ukrainien 

L'unité d'entreprise SWI swissinfo.ch couvre l'actualité suisse en dix langues. Depuis mai 2022, elle publie aussi une partie de ses contenus en ukrainien. Ils sont accessibles via les pages de SWI swissinfo.ch en langues russe, anglaise, allemande, française et italienne. «Depuis le début de la guerre, la liberté de la presse subit une forte pression en Ukraine et en Russie. Nous avons donc décidé, en concertation avec l'Office fédéral de la communication, de publier temporairement une partie de l'offre existante en ukrainien», déclare Larissa Bieler, directrice SWI.

«Les contenus en ukrainien ont une valeur symbolique qu'il ne faut pas sous-estimer»

La rédaction russe de SWI swissinfo.ch informe les lecteur.trices russophones sur son site web et sur les médias sociaux (Facebook, Instagram, YouTube, Twitter, VKontakte, Telegram) sur les événements en Suisse et à l'étranger. Depuis mai 2022, elle traduit, épaulée par des traductrices indépendantes, une partie de son offre en langue ukrainienne. Igor Petrov dirige la rédaction russe de SWI swissinfo.ch depuis 2013. Dans cette interview, il parle de son travail, des prisonnier.ères politiques en Russie et de l'importance de l'offre de SWI pour le public ukrainien. 

Igor Petrov, en tant que responsable de la rédaction russophone de SWI swissinfo.ch, vous suivez depuis longtemps les évolutions en Russie. Quels changements avez-vous pu observer ces dernières années? 

On peut répondre à cette question en une phrase: au cours des 15 dernières années, la Russie est passée d'un pays qui avait toutes les chances d'emprunter la voie de la civilisation à une dictature. 

En termes de contenu, quels sont les principaux points que vous priorisez dans la couverture de la guerre? 

La Suisse est elle aussi impactée par cette guerre. Nous partons de ce qui est vécu ici. Nous parlons par exemple de l'argent russe en Suisse, des manifestations contre la guerre sur la Place fédérale, du dilemme économique ou de la neutralité suisse. Nous écrivons des articles sur l'aide pour l'Ukraine et sur les enfants réfugiés ici, sur ce que veut dire pour eux aller à l'école en Suisse. En bref, nos sujets sont aussi variés que la réalité qui existe sous nos yeux. C'est de cette réalité dont nous voulons parler: nous voulons raconter ce qui se passe réellement en Ukraine, en Russie et en Suisse. Ce qui est vraiment important, et non pas ce que les médias veulent nous faire considérer comme important.  

Prenez-vous un risque en parlant de la guerre depuis l'étranger? 

Dans les premiers mois de la guerre, il était interdit d'utiliser le mot «guerre» en Russie. Quiconque le faisait finissait en prison. Je me permets au passage ici de rappeler qu'il y a de nombreux.ses prisonnier.ères politiques en Russie, il ne faut pas les oublier. La Suisse devrait exercer une pression sur Moscou pour que des personnes comme Alexey Navalny ou Ilya Yashin soient libérées. Concernant les risques que nous encourons du fait de notre travail, je ne considère pas que je suis en danger, même si je reçois régulièrement des attaques par e-mail. Mais ce n'est rien en comparaison avec la tragédie que le peuple ukrainien vit actuellement. 

Igor Petrov (1969) est originaire de Moscou. Après ses deux années de service militaire, il a étudié l'histoire et la sociologie à la Faculté d'histoire de l'Université de Moscou, discipline dans laquelle il a décroché son doctorat. Il a travaillé pendant près de onze ans comme diplomate en Allemagne et en Suisse; il est traducteur, interprète et écrivain (image: SWI/Marina Karlin).

La plupart des réfugié.es originaires d'Ukraine qui se trouvent en Suisse aujourd'hui parlent et comprennent le russe. Pourquoi a-t-on besoin d'une offre en ukrainien? 

C'est un immense paradoxe: Poutine a commencé la guerre sur le mot d'ordre de la «Libération du monde russe», et maintenant il a réduit en cendres des villes russophones telles que Marioupol. Pour le peuple ukrainien, le russe sera pour des générations la langue de l'agresseur, comme cela a aussi longtemps été le cas pour la langue allemande en Europe. C'est pour cela qu'une couverture de la guerre en ukrainien est nécessaire. Ces contenus ont une valeur symbolique qu'il ne faut pas sous-estimer. C'est d'ailleurs ce que confirment les réactions que nous recevons du public ukrainien. 

Qui traduit les contenus de SWI swissinfo.ch en ukrainien? 

Nous traduisons une sélection de notre offre en ukrainien grâce au travail de quatre traductrices indépendantes hautement qualifiées, disposant d'un diplôme universitaire. L'une d’elles est une réfugiée dotée du statut S. Nous sommes très heureux.ses qu'elle travaille pour nous. 

A quoi prêtez-vous particulièrement attention sur le plan linguistique lorsque vous traduisez un texte allemand en russe ou en ukrainien? 

Nous ne faisons pas une simple traduction, mais procédons à une adaptation culturelle. Le storytelling russe est complètement différent du mode narratif allemand ou anglais. Pour que nos contenus ne «sentent» pas la traduction, pour qu'ils donnent au contraire l'impression d'avoir été écrits directement en russe, nous devons littéralement les détricoter, les contextualiser puis les recomposer. C'est un travail intéressant et très créatif.